Introduction à la réunion sur le 104 au Cabaret sauvage – lundi 3 avril 2006

 

Bonsoir,

Je suis content qu'on se retrouve. Merci à Meziane de nous accueillir dans ce lieu chaleureux qu'est le Cabaret sauvage.

J'avais convié à une première rencontre sur "le 104" le 2 mars 2002. Je terminais mon introduction en disant : Il n'y a que des avantages à construire dans la transparence. Je vous ai tenu informé des grandes orientations décidées par la Ville. Piloté par Christophe Girard, sous l'œil très attentif de Roger Madec et de Bertrand Delanoë, c'est un des équipements majeurs de la mandature. "Le 104" se veut un équipement inédit pour lequel le dialogue entre l'art, les pratiques culturelles et les territoires doit être permanent. Une délibération est votée aujourd'hui au Conseil de Paris qui marque le début de cette démarche artistique. Le bébé commence à vivre et va montrer son dynamisme.

Robert Cantarella et Frédéric Fisbach sont les pilotes de ce projet. Ils ont eu une première rencontre publique avec les habitants du quartier lors de la réunion du conseil de quartier en décembre dernier. Ce soir, l'invitation est plus large.

Où en est-on ?

Les travaux commencent et vont durer 2 ans. Environ, 200 ouvriers seront sur le chantier. Des contrats d'insertion sont prévus qui permettront à des jeunes de l'arrondissement notamment sans emploi et en difficulté d'insertion professionnelle d'être embauchés. A ce propos, je veux aussi souligner l'implication de Martine Durlach, adjointe au Maire de Paris en charge de la politique de la Ville qui depuis le début du processus de reconversion du "104" s'est attachée à faire valoir le lien étroit à construire entre "le 104" et son environnement et donc la population.

Il y aura vite des visites de chantier et une antenne du "104" va s'installer à proximité jusqu'à l'ouverture effective.

Cela fait partie des signes forts de la conception de ce lieu. "Le 104" n'est pas fermé sur lui-même et sur la démarche artistique. Il se veut  pleinement ancré dans la vie et entend apporter des "plus" dans le quotidien des populations des quartiers populaires. La situation géographique est remarquable. Ce n'est ni le 16ème, ni le centre de Paris. Ce n'est pas non plus le parc de la Villette. "Le 104" est pleinement dans un quartier et entend contribuer à lui donner un nouveau dynamisme sans le dénaturer. L'enjeu en terme de commerce, de logement, d'évolution sociologique est évidemment dans la tête de chacun. Ce quartier va se transformer mais doit rester divers, populaire, accessible…

Robert et Frédéric vous expliqueront ce que signifie en pratique un lieu de résidence pour des projets interdisciplinaires et qui devront avoir des moments de visualisation de l'acte de création. Une dizaine de projets simultanément, une trentaine de projets durant l'année. On voit le caractère ouvert du lieu. C'est vraiment un plus considérable pour les artistes à Paris. Cela va donner une toute autre dimension que les événements ponctuels que peuvent être Nuit blanche par exemple. Paris redevient une ville de création, d'innovation, de défis et d'espoir.

Toutes les raisons sont bonnes d'entrer dans le 104… Les incitations seront multipliées vers toutes et tous et toutes les motivations. Le plaisir de découvrir, de s'approprier des modes d'expression, mais aussi d'apprendre, de voir, de rencontrer, de flâner…

"Le 104" ne se veut ni un lieu élitiste, ni une culture au rabais. En étant ouvert, il s'oppose aux tenants d'une culture de classe et donc inaccessible au plus grand nombre. Il ne s'agit pas de produire, de fait, de l'enfermement pas plus qu'il ne s'agit de dévoyer le sens même de l'éducation populaire.

La pédagogie, l'explication seront en permanence présents afin de donner l'envie de comprendre. Les artistes seront à l'écoute des territoires avec l'objectif de construire des œuvres qui sortiront du "104" et qui pourront associer les habitants. L'une des forces du lieu sera d'assister au travail en train de se faire, d'y participer, de l'inspirer, de voir l'œuvre qui en résulte.

Les liens avec l'école, primaire et secondaire, doivent être forts. Cela implique une méthodologie simple validée et aidée par le Rectorat parallèlement à la recherche constante des enseignants motivés.

Un panel citoyen va se constituer qui permettra cette écoute en associant responsables du 104, des élus, des membres du conseil de quartier, des responsables d'associations, des habitants... Il commencera à fonctionner avant l'ouverture effective du "104" prévue pour la fin 2007 ou le tout début 2008.

C'est aussi le lieu des anciennes Pompes funèbres de Paris. En utilisant les structures passées s'impose d'autant plus la nécessité que les visiteurs sachent cette histoire. Les formes peuvent être évolutives. La rencontre avec les anciens salariés qui ont travaillé au "104" est indispensable et urgente.

La Ville a mis en place une politique de gratuité dans ses musées municipaux qui tranche avec les démarches antérieures.  La tarification du "104" ne doit donc pas être un obstacle aux activités du "104" et notamment celles qui concernent les scolaires et les habitants de proximité. Les ressources multimédia et les nouvelles technologies en particulier par la voie d'Internet seront très présentes et accessibles.  Elles donneront aussi lieu à des formations.

Je ne développerai pas ce soir la nature de l'équipement de proximité de 400 m2 qui se situera à l'entrée rue Curial. Les habitants ont été consultés. Les pratiques amateurs seront au centre de cet espace. Nous travaillons à préciser comment.

Naturellement, vous le voyez, nous sommes dans une démarche à l'opposé de celle du gouvernement qui précarise tout, CPE pour les jeunes, fragilité pour les artistes,  qui agit dans le sens d'une culture à 2 vitesses.

Je vous propose de passer la parole à Robert et Frédéric. C'est à eux de détailler les choses et ensuite ce sera à vous de prendre la parole. Mais, j'en suis convaincu "le 104" est un bon projet qui se construit pour les artistes et pour les habitants.


Une soirée utile et diverse dans une atmosphère contente, chaleureuse et pleine d'envies !

Près de 200 personnes ont participé à cette soirée au Cabaret sauvage sur le 104 en dialoguant avec les directeurs Robert Cantarella et Frédéric Fisbach.

L'objectif de réunir artistes, responsables associatifs, habitants de proximité et plus éloignés, en un mot tous ceux concernés par le projet du 104 a été atteint. Conseil d'arrondissement avec les associations ( CICA), réunions du conseil de quartier Flandre Aubervilliers, "pôles culturels" du 19ème, il prolonge, sur ce projet, une démarche initiée dès le début 2002.

Après une introduction de présentation et d'accueil de Joel Houzet, Frédéric et Robert ont présenté ce lieu. Ils ont insisté sur son caractère lié au passage. C'est un espace que l'on traverse avec sa rue piétonnière, c'est un lieu de fabrication pour des projets qui dureront de quelques semaines à quelques mois.

Les activités artistiques ont des spécificités de pratiques. Tous les arts seront a priori présents, beaucoup dépendant les uns des autres mais les projets ne seront pas forcément interdisciplinaires.

Ce lieu est inédit dans sa conception. Il se sert sans doute aussi des expériences réalisées dans des squatts et des lieux caractéristiques des nouveaux territoires de l'art.

La première intervention a évoqué l'association des "Actionnaires du 104". Fondée en 2002, elle a eu une existence réelle pendant 2 ans tournée. Elle était pour certains tournée vers la constitution d'un projet qui aurait pu prendre la place au 104. Pour d'autres, elle était à l'écoute critique des projets de la Ville.

Un beau projet de film sous forme de vidéo de 5 minutes a été présenté : il montre l'histoire des activités des anciennes pompes funèbres, la fabrication de cercueil et de l'habillage de la mort. "D'une fabrique à l'autre" réalisé par Cathy Bruno Capvert montre la continuité des activités dans la constance du besoin des autres.

Probablement qu'un nom, un qualificatif sera ajouté au 104. Ne serait-ce que pour mieux le situer, ne pas le confondre avec le ciné 104 de Pantin.

Des questions sont posées sur comment un projet sera sélectionné. Il y aura des conditions pour travailler au 104, celle en particulier d'une visibilité "pédagogique", d'une éducation populaire. Les directeurs s'engagent à répondre à toutes les demandes et à justifier leur choix. Ils seront aidés par un collège de spécialistes des différentes disciplines de réflexion et artistiques.

Un salaire sera attribué à celui qui sera porteur d'un projet pendant la préparation du travail effectif qui sera réalisé puis une rémunération répondra au coût de la réalisation de l'œuvre.

Frédéric et Robert illustrent leur idée du vivre ensemble dans la diversité. Il veulent "mélanger, rendre bâtard" : inventer du possible. Penser aussi vers l'étranger dans tous les sens du terme.

Parmi les 16 plateaux, 2 seront en permanence dédiés aux pratiques amateurs. Au delà de l'équipement de proximité, le "104" a dans sa globalité aussi un rôle de proximité, de répondre aux besoins des "voisins".

Un comité de veille, constitué d'habitants, de responsables associatifs, d'artistes, d'élus, des responsables du 104 sera constitué. Il permettra d'être régulièrement à l'écoute du territoire, de ses demandes et de ses réactions.

La volonté de dialogue est grande. Des "algeco" seront installés à proximité du 104. Ils permettront à l'équipe de direction de travailler près du lieu, à des artistes d'élaborer et de mettre en œuvre des projets de "préfiguration" avant l'ouverture effective du "104".

Un grande fête sera probablement effectuée dans le 104 avant l'ouverture effective début 2008.

La Ville assure le financement des travaux jusqu'à l'ouverture, le financement de la préfiguration et au delà un budget de fonctionnement financé au 2/3 par la Ville et à 1/3 par des fonds privés est prévu.

En un mot, nous aurons encore régulièrement des réunions et des nouvelles du "104".